Jacky Didelet, mémoires de nacre
Découvrez l'histoire de Jacky Didelet, artisan aux doigts de nacre !
J’espère que vous avez tous passé une agréable rentrée, et qu’elle rime avec nouveaux projets !
Les journées du patrimoine ayant jalonné ce mois de septembre, j’avais envie de vous présenter Jacky Didelet, tabletier à la retraite ayant travaillé dans la région de Méru, berceau de la nacre et de la tabletterie.
C’est un monsieur aujourd’hui âgé que je côtoie très régulièrement, et qui est une vraie mine d’or pour ceux qui s’intéressent au patrimoine local !
Jacky est discret, humble, et a travaillé pendant des années au Musée de la Nacre et de la Tabletterie : je vous suggère d’ailleurs de découvrir cette série de vidéos qui illustre parfaitement l’emploi des différentes machines d’un atelier…
L’occasion de retracer la vie de sa famille en quelques paragraphes, de parler de la nacre et de ces beaux métiers qui tendent à disparaître…un petit hommage, aussi, à tous ceux qui ont fait la belle réputation de Méru et de ses environs, comme capitale de la nacre.
La tabletterie, un savoir-faire local
Raymond Didelet, le père de Jacky, nait en 1906 à Andeville.
Après la mort de sa mère et à l’issue de sa scolarité, il travaille chez un fermier durant six mois. Raymond a 14 ans.
Toutefois, comme beaucoup de gosses de l’époque, le petit Raymond travaille le soir, dès ses 10 ans, en rentrant de l’école ou pendant les weekends. Ainsi « il monte 7 brosses à dents après l’école, et le dimanche 14 brosses », selon les souvenirs relatés par son père à Jacky : la brosserie est alors aussi une source inépuisable d’emplois pour le secteur.
C’est naturellement qu’il commence à travailler pour Melin, entreprise basée à Andeville, mais aussi à Méru, comme fabrique de boutons en nacre.
Il y devient coupeur à l’eau, puis, dès 1930, contremaître. Il règle les machines de la marque française Monpin, les perceuses manuelles, compte les pions -stade transitoire du bouton encore inachevé-.
À l’époque, chaque ouvrier est payé à la pièce : cette tâche est donc une lourde responsabilité !
Raymond assiste aussi à la modernisation de sa profession.
Ainsi, en 1935, l’entreprise achète une machine de marque américaine, qui constitue une petite révolution : grâce à elle, en une passe, les pions sont tournés et percés, là où auparavant il fallait compter deux machines ! Le gain de place et de temps est conséquent.
Une histoire de famille
En 1939, Raymond choisit de quitter l’entreprise et de travailler seul chez lui. Dans les environs, cela se pratique beaucoup. On travaille la nacre et les boutons chez soi, à la pâle lumière des fenêtres des habitations. Malheureusement, très vite, la guerre éclate et le force à revoir ses plans.
Il est fait prisonnier et se retrouve dans un chantier naval, où, avec d’autres, il équilibre les hélices des bateaux jusqu’en mars 1945.
À son retour, il est impossible de reprendre son travail. Il se rend chaque jour à Méru, à pied depuis Andeville, pour travailler sur la ligne de chemin de fer.
De 1946 à 1972, il réaménage un bâtiment et emploie jusqu’à 3 personnes, créant son propre atelier : la passion ne l’avait pas quitté !
Raymond forme ainsi son fils Jacky au métier, et ensemble, ils connaitront l’arrivée du plastique sur le marché du bouton, et le déclin des boutons de nacre au profit des matières modernes.
Jacky, au service du patrimoine méruvien
De son père, Jacky apprend le savoir-faire si particulier des artisans-tabletiers durant de nombreuses années.
Puis il travaille durant 20 ans au musée de la nacre, où, pour le plus grand plaisir des visiteurs, il élabore des pièces vendues sur place et transmet son enthousiasme.
Commentaire(s)
Laissez votre commentaire ici